Connaissez-vous l’effet Dunning-Kruger ?
Si vous êtes tombé sur cette page, la réponse est sûrement positive.
Mais savez-vous que l’ignorance d’un sujet peut nous pousser à surestimer nos compétences ?
Ce qui peut perturber l’auto-évaluation, créer un excès de confiance et, finalement, nuire à la performance.
Pour contrer ce fléau, décryptons-le ensemble et intéressons-nous aux solutions efficaces.

L'origine de l'effet Dunning-Kruger 📖
David Dunning et Justin Kruger, psychologues américains et chercheurs à l'université Cornell, ont formalisé ce concept passionnant dans les années 1990.
Tout part d’une anecdote surprenante : celle de McArthur Wheeler, un braqueur novice qui, en 1995, dévalisa deux banques à visage découvert.
La raison est aussi drôle que farfelue : parce qu’il avait observé que le jus de citron permettait de créer de l’encre invisible, il était convaincu qu’en s’en badigeonnant le visage, les caméras de surveillance ne pouvaient pas le détecter.
Résultat : les policiers l’ont appréhendé chez lui, quelques heures seulement après ses méfaits (à sa grande surprise).
Ce qui pouvait rester un fait divers drôle intrigua les deux chercheurs qui, en 1999, conduisirent une série d'études demandant à des participants d'évaluer leurs performances dans divers domaines (comme l'humour, la grammaire et la logique).
Les résultats confirmèrent leur hypothèse : les individus situés dans le quartile inférieur de performance ont tendance à surestimer grandement leur niveau de compétence.
Ainsi, en plus de prendre de mauvaises décisions, les personnes incompétentes manquent des capacités métacognitives nécessaires pour reconnaître leurs erreurs. Ce qui, vous l’avez compris, peut impacter durablement une équipe, un service voire l’entreprise entière.
Mécanisme cognitif : comment fonctionne l'effet Dunning-Kruger ? 🧠
Maintenant que vous avez compris les bases du fonctionnement de l'effet Dunning-Kruger, nous pouvons nous intéresser aux mécanismes psychologiques induits par ce biais cognitif.
Concrètement, cet effet est dû à une défaillance métacognitive. C'est-à-dire une incapacité à réfléchir correctement sur ses propres processus de pensée. L'individu qui manque de compétence dans un domaine ne dispose donc pas du recul nécessaire pour évaluer correctement son niveau et, donc, ne s’auto-évalue pas correctement.
Ce qui engendre inévitablement une discordance entre les compétences réelles et perçue
Pour illustrer l’effet Dunning-Kruger, on utilise une courbe ascendante à ses débuts (le "pic de la stupidité" liée à la confiance maximale causée par le manque de connaissance) qui chute drastiquement lorsque l'individu commence à prendre conscience de la complexité du domaine (« vallée de l’humilité ») avant de remonter progressivement, mais de façon plus réaliste à mesure que la véritable expertise se développe.
Reconnaître l'effet Dunning-Kruger au travail 💡
La compréhension de ce mécanisme apporte un éclairage précieux sur le jugement humain.
Dans l'environnement professionnel, les manifestations de l'effet Dunning-Kruger incluent une résistance au feedback, une difficulté à reconnaître et accepter les critiques constructives et une tendance à monopoliser la parole lors des réunions sans apporter de contributions substantielles.
Les collaborateurs affectés par cet effet de surconfiance minimisent la complexité des tâches qu'ils ne maîtrisent pas et surestiment systématiquement leur capacité à les accomplir dans les délais impartis. Ce qui génère régulièrement des résultats en deçà des attentes, des tensions et, dans certains cas, une dégradation de la confiance collective.
À noter : on remarque aussi cette tendance dans les conversations personnelles. Comme disait Françoise Sagan : « La culture, c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étale. » Autrement dit : moins une personne connait un sujet et plus elle aura tendance à se mettre en avant (et à avoir des opinions tranchées sur celui-ci).
Comment gérer l'effet Dunning-Kruger en entreprise ? 🤔
Malheureusement, il existe assez peu d'études et de données chiffrées en entreprise sur l’effet Dunning-Kruger.
Ceci étant dit, rien n’empêche de mettre en place des stratégies managériales préventives pour le contrer.
La plus efficace consiste à instaurer une culture d'apprentissage continu où l'acquisition de connaissances est valorisée autant que les performances.
La pratique régulière du feedback à 360° (aussi bien ascendant que descendant) est aussi un outil intéressant pour obtenir une image plus complète et objective des forces et faiblesses de chaque collaborateur. Ce qui facilite la prise de conscience nécessaire à l'évolution et permet, en prime, de solutionner l’effet opposé : le syndrome de l’imposteur et le manque de confiance associée (mais c’est un autre sujet).
Sans oublier des programmes de mentorat dès l’onboarding, des démonstrations pratiques et des plans de formation favorisant l’apprentissage dans un environnement sécurisant où l'erreur est permise.
Notre conseil : vous pouvez aussi afficher dans vos bureaux aux yeux de tous cette maxime de Socrate « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien ».
Peut-on éviter ce biais cognitif ? 👍
L’être humain est complexe : c’est un fait difficilement contestable.
Et l'effet Dunning-Kruger le prouve.
D’ailleurs, ce biais étant profondément ancré dans nos mécanismes psychologiques, il est difficile de l’atténuer significativement sans un véritable travail personnel.
Pour éviter que cela n’impacte votre organisation, essayez d’offrir à vos collaborateurs des espaces pour se questionner. Cultiver l’humilité intellectuelle et la capacité à se remettre en question est le meilleur moyen d’évaluer objectivement ses capacités réelles et de reconnaître et accepter ses forces autant que ses faiblesses.
Cela doit se faire, dans l’idéal, dès l’onboarding (contactez-nous si vous voulez en savoir plus).